À l’heure où la grossesse et la maternité restent généralement plutôt médicalisées, aujourd’hui nous entendons et ressentons de plus en plus le besoin d’un accouchement naturel et d’un accompagnement moral. Mais qu’est-ce qu’une Doula ? Quel est son rôle ? Andréa Denieul partage avec nous et nous raconte avec passion pourquoi ce métier, peu connu en France, commence à se faire une petite place… Belle lecture !
Une Yoga Doula, qui est-ce ?
Pouvez-vous vous présentez ?
Je suis Andréa, j’ai 36 ans, je suis maman d’une petite fille de bientôt 7 ans.
Vous êtes Yoga Doula, en quoi consiste exactement ce métier ? Comment devient-on Doula ? Quelles sont les qualités pour exercer ce métier ?
La Yoga-Doula accompagne les femmes dans leur maternité, parentalité, par le Yoga Kundalini, l’ayurvéda. Cela peut être pour la préconception, pendant la grossesse, l’accouchement et/ou pendant la période postnatale. La Yoga-Doula va adapter les séances en fonction du besoin de la maman et/ou du couple. En travaillant avec différents outils : méditation, pranayama (respiration), posture, visualisation, relaxation, mais aussi la verbalisation des émotions, des peurs.
Il y a différentes écoles ou associations qui forment au métier de Doula (ex : école de Yoga-Doula Europe, l’association les Doula de France…).
D’après moi, je pense qu’il faut avoir d’abord fait un vrai travail sur soi, sur ces propres peurs, ses faiblesses, sur notre propre maternité ou rapport à la maternité, pour ne pas accompagner les parents ou les futures mères avec nos « casseroles » et/ou vouloir « sauver » « réparer » nos blessures passées à travers ce métier 😊. Il faut bien se connaître pour pouvoir accompagner dans le positif, et connaître ses limites pour pouvoir ainsi réorienter au bon moment vers des professionnels de santé par exemple (psychologue, consultante en lactation…). Des qualités d’écoute, générosité, humilité sont indispensables pour se mettre au service des familles. Toute la difficulté du rôle de la Doula est de venir en soutien affectif, émotionnel et pratique sans dépasser ses fonctions, ne pas tomber dans le « psy » ou les conseils d’automédication par exemple. C’est grâce à cette conscience responsable que les Doulas pourront se faire connaître et travailler en toute confiance avec les parents et les professionnels de santé.
Yoga et grossesse
Quels sont les bienfaits du Yoga pour la future maman et son bébé ?
En premier lieu, la séance de Yoga en elle-même va permettre à la maman d’avoir un temps pour elle, pour son corps et également pour se mettre en lien avec son bébé. Dans notre société où tout va vite, la lenteur de ces moments est précieuse.
Au niveau physique, elle se donne une écoute consciente, elle réapprend à écouter son corps, ses besoins physiologiques et à faire les mouvements qui lui font du bien. On travaille sur plusieurs aspects, le bassin, le dos, les articulations, le système digestif ce qui permet de réguler les petits maux habituels de grossesse. La future maman s’approprie les mouvements, et grâce à cette écoute, redevient autonome dans son bien-être à la maison, au quotidien et également pour le jour de l’accouchement. Les postures, respirations mettent en action la libération des hormones de la détente, et activent le système nerveux parasympathique, ce qui en plus de détendre la maman, fait baigner bébé dans un cocktail d’hormones relaxant. 😊
Au niveau mental et émotionnel, on pratique la méditation qui permet aux mamans d’apaiser le mental, de prendre du recul sur les pensées, les peurs. C’est très bénéfique pour la gestion du stress pendant la grossesse mais aussi pour le jour J.
Jusqu’où allez-vous dans l’accompagnement de la jeune maman ? Combien de temps ? Que faites-vous avec elle ?
J’accompagne depuis la préconception (méditation, visualisation) ou début de grossesse jusqu’au 3 mois environ de bébé, mais c’est aussi selon les besoins. Quelques fois, on fait 1 ou 2 séances avant l’accouchement, des fois je n’interviens que pendant le postnatal. Ce que je dis aux mamans, c’est qu’il n’y a pas de « il faut que… », « c’est mieux de… », il n’y a pas de recette miracle, le premier enseignement, c’est de s’écouter et de faire selon son besoin, son ressenti, peu importe ce qu’il faudrait faire ou pas, ce que moi je pense en tant que Doula, ou encore ce que pense l’entourage… La Doula informe, propose mais c’est les mamans/parents qui avec ces informations choisissent ce qui est bon pour eux.
En général, je propose 10 cours de Yoga prénatal avant l’accouchement, avec des thèmes différents : respiration, relaxation, bassin, périnée, méditation, post accouchement, postnatal, physiologie de l’accouchement… On fait également 1 ou 2 rendez-vous avant l’accouchement pour échanger avec le couple, sur l’accouchement, les peurs qui peuvent apparaître, les besoins lors de l’accouchement, le projet de naissance…
Je peux être présente à l’accouchement sur la demande des parents, et seulement si la maternité le permet. Ensuite, il y a 1 rendez-vous pour le retour à la maison, les premières questions pratiques, ou le suivi de base de l’allaitement (pour les questions plus techniques, je travaille avec une conseillère en lactation qui vient sur demande visiter les mamans). Et en fonction des besoins je peux venir 1 à 2 fois par semaine pendant les 40 jours, pour soutenir les parents de manière logistique : vaisselle, rangement, s’occuper des aînés, tâches administratives… Les visites postnatales sont également des temps d’échanges, où la maman dépose ses doutes, ses peines, ses joies. Quand le papa reprend le travail, ce n’est pas toujours facile pour les deux parents, à des niveaux différents. Alors quand la vaisselle est faite, la maison rangée et le repas du midi ou du soir prêt sur la table, ça soulage. 😉
Les séances de yoga postnatal que je propose sont très différentes du prénatal, elles durent 1h car c’est un maximum en termes de temps, d’attention pour la maman et le bébé. Et pendant ces séances, c’est libre, je peux guider une relaxation, une respiration, masser la maman ou répondre à ses questions. En général quand j’arrive, je pose simplement la question : « De quoi as-tu besoin aujourd’hui ? »
Le métier de Doula
Pourquoi en France le métier de Doula reste confidentiel ?
Je ne dirais pas qu’il est confidentiel, et je ne voudrais surtout pas véhiculer cette image, qui pourrait transmettre une idée d’un métier « borderline ». C’est surtout peu connu en France car nous avons, du fait de notre histoire sociologique, une maternité très médicalisée. Avec des rendez-vous réguliers, des contrôles qui ne sont pourtant pas tous obligatoires et nécessaires. Et la surmédicalisation de la grossesse a transmis l’idée aux femmes, qu’elles « se faisaient » accoucher, qu’elles n’étaient pas capables d’accoucher elles-mêmes sans problèmes.
On sait aujourd’hui que cette surmédicalisation est liée à notre histoire, et c’est d’ailleurs, grâce à cela que beaucoup de femmes et de bébés ont été sauvés à l’époque. Mais aujourd’hui, je pense que le temps est venu de rééquilibrer le rapport médical/physiologie qui peut parfaitement fonctionner (exemple des maisons de naissance).
Dans beaucoup de pays scandinaves, par exemple, la grossesse et l’accouchement sont considérés, à raison, comme un processus naturel. L’hôpital, la maternité ne sont là qu’en cas de besoin. Les doulas sont donc plus répandues pour l’aspect logistique, préparation émotionnelle et affectif, en complément toujours de la sage-femme pour l’aspect du suivi médical.
Quelle est la différence entre la doula et la sage femme ?
Il y a d’abord une différence majeure, c’est que la sage-femme est une professionnelle de santé. Elle détient les connaissances scientifiques et médicales. La Doula est en général une femme, qui a eu l’expérience de la maternité, et qui soutient une autre femme comme le ferait une amie, une sœur, une mère.
Je pense qu’avant, la sage-femme était également la « doula », cette figure maternelle rassurante qui veille sur la femme qui est en train de donner naissance. Mais avec cette surmédicalisation, les protocoles à rallonge, les coûts et les charges de plus en plus élevés, elles n’ont plus le temps (à regret !) de s’occuper de l’aspect pratique, émotionnel et mental. Même si la plupart des sages-femmes donnent toute leur énergie pour être encore au plus près des ressentis de leurs patientes.
Il y a aujourd’hui une vraie demande de « temps » autour de cet évènement qui est maintenant plus rare dans la vie d’une femme.
Comment bien choisir sa Doula ?
Il est important de se sentir en accord avec sa doula, avec son style de vie, avec l’énergie qu’elle dégage. En générale, je conviens d’un rendez-vous gratuit, pour se présenter et échanger en toute transparence autour de l’accompagnement que je propose et voir ainsi si tout le monde se sent bien. C’est un bout de chemin de vie extraordinaire qu’on partage avec sa doula !
Auriez-vous un message pour toutes les futures mamans, celles qui découvrent leur grossesse, celles qui vivent une grossesse difficile, celle qui passent par un parcours de PMA, celles qui viennent d’accoucher ? Pour toutes ces femmes qui donnent ou donneront vie.
Je suis heureuse de voir qu’aujourd’hui les femmes cherchent à s’offrir à elles et leurs bébés un espace d’amour, de paix et de joie. C’est dans cette conscience et cette gratitude de la vie, que nous pourrons donner naissance à des petits êtres humains plus heureux, avec une énergie positive !
J’aimerais leur dire aussi, qu’elles ont en elles toutes les ressources nécessaires à disposition, comme chacun de nous d’ailleurs. Et que la pratique d’un temps de recueillement, de méditation permet d’aller chercher au plus profond de nous ce dont nous avons besoin.
Sans être féministe, j’aimerais remercier toutes ces femmes d’hier, d’aujourd’hui et de demain qui donnent au monde et à l’humanité une chance d’être meilleurs. Ces femmes qui chaque jour de leur vie, à leurs différents niveaux éveillent et élèvent les consciences.
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Merci beaucoup Andréa !